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La «ville sur l’eau»

Sur les quais: un projet urbain motivé par la menace d’inondations

 

À la fin du 19e siècle, une portion de 100m de large sur 7 km de long de la zone historique bordant l’Escaut a été réquisitionnée par le gouvernement pour y installer un port. Tous les bâtiments qui se trouvaient dans ce secteur ont été détruits. Par la suite, durant la seconde moitié du 20e siècle, les activités portuaires se sont déplacées vers le nord, laissant abandonnée cette géante zone au centre la ville. Ce secteur deviendra le «plus grand stationnement d’Europe». En 1977, la frontière entre la ville et le fleuve est devenue encore plus importante grâce à un plan qui vise à contrer les inondations dans le bassin maritime de l’Escaut. Cette intervention a mené à la digue de protection actuelle, soit un mur de béton de 1,35 mètre de haut. Bien que les berges aient faites l’objet de nombreuses propositions (par exemple, le projet de promenade métropolitaine de Manuel de Sola-Morales), elles sont encore des friches laissées aux occupations spontanées, aux vélos, aux marcheurs et automobiles (stationnements).

 

En 2005, le schéma directeur stratégique de la ville, réalisé par la firme Secchi Viganò, a identifié ce lieu de 7 km sur le bord de l’Escaut comme étant l’épine dorsale rigide et comme étant l’espace public et urbain le plus important de la ville.  Tout comme la théorie de la ville poreuse, Antwerpen doit l'espace à l'eau.

 

Mais pendant qu’ils tentaient de réaliser un plan d’intervention plus précis pour ce site, un nouveau plan Sigma en région flamande a été adopté. Ce nouveau plan agrandissait la hauteur des murs de protection à 2,25 métres. Heureusement, la ville a refusé et a plutôt fait un appel de candidatures public afin de trouver des solutions innovatrices à son problème de berges non accessibles.

 

L’agence Proap, des paysagistes portugais, ont proposé une trousse afin de mieux répondre aux différentes situations que l’on retrouve sur les berges de l’Escaut.

 

La proposition de PROAP

 

Le constat de la firme est qu’il y a encore de nombreuses barrières et limites limitant l’accessibilité aux rives. Par exemple, on trouve des grilles visant à empêcher les habitants d’atteindre les zones portuaires, le mur de 1,35 mètre de haut et la route très fréquentée située entre l’ancienne bande portuaire et les quartiers de la ville. Il est difficile de tout faire disparaître, mais il est important de donner l’accès graduellement aux quais. Ces quais qui ne doivent pas entièrement disparaître, car ils font partis de l’histoire de la ville et de la vie des gens. L’agence parle plutôt miser sur le plaisir de ressentir le fleuve, de s’éloigner du bourdonnement urbain et d’apprécier des événements temporaires.

 

L’agence définie ainsi trois défis pour la zone :

 

  • La retenus des eaux par ou sans mur de protection ;

  • La stabilisation des murs de soutènement des quais qui ne sont plus tous très solides, étant construits il y a près de 150 ans ;

  • Créer de l’espace public tout en soutenant des activités temporaires (par contre la ville veut que le quai garde un usage de stationnement temporaire pour les cargos et que sa vocation maritime ne soit pas abandonnée au grand complet).

 

Lors d’une consultation publique, le point qui ressort le plus est que les habitants veulent voir disparaître les occupations qui saturent les quais, ce qui empêche l’usage temporaire et soudain.

 

 
Boite à outil

 

L’agence a défini un ensemble de concepts, de principes et de dispositifs permettant un développement spatial différencié des quais selon le contexte. Ainsi, il est possible de traiter les espaces indépendamment des autres en fonction des différentes solutions de défense contre les inondations.

 

Il décline les possibilités selon six thèmes :

 

  • «Un port actif»

Garder les traces du passé tout en offrant de nouvelles fonctions. Il faut permettre aux navires de s’amarrer à des fins économiques (cargos), mais aussi à des fins de loisirs (bateaux de plaisance), de transport public (bateau bus), de tourisme, de culture et de programmes temporaires (marchés flottants).

 

  • «Un héritage historique et archéologique»

Il y a une présence de nombreuses strates historiques sur les berges, que ce soit les différents sites archéologiques comme celui du Steen (ancien château médiéval) ou les entrepôts et murs de soutènement construits au 19e siècle. Comment construire de nouvelles strates tout en préservant et en enrichissant les strates précédentes ?

 

  • «Une palette de dispositifs de protection»

Identification des différents systèmes qui évitent la construction d’un muret de 2,25 mètres, comme des cloisons escamotables que l’on peut monter lorsque l’eau monte, ce qui évite les barrières visuelles permanentes. Il y a aussi une digue mobile ou un ponton flottant créant des possibilités et des restrictions différentes d’un muret fixe. Utiliser les bâtiments existants comme des digues. De plus, il est possible de créer un accès à l’eau «vert» avec un sol en pente et mixer avec un système de murets escamotables. Par contre, plus on place le dispositif loin des berges, plus la surface inondable est grande et plus il est proche plus la surface des quais hors de l'eau (en permanence) est grande. Les différents espaces hors eau et inondables offrent donc diverses situations et possibilités à l’espace public.

 

  • «Une mobilité»

Recherche de sécurité pour la mobilité douce le long de l’eau, soit une piste cyclable sûre et de l’espace suffisamment grand pour les piétons, un raccordement aux transports en commun ainsi qu’une diminution du trafic ou de la vitesse le long des berges. Le transport en commun maritime est aussi à envisager pour rallier les deux rives. Pour offrir de nouvelles places de stationnement, car les anciennes vont disparaître, il y a une possibilité de stationnement souterrain, mais la ville mise sur un système de transport en commun et actif plus efficace pour pratiquement éliminer les voitures de la ville.

 

  • «Un espace public de qualité»

Préserver et renforcer l’identité des quais. Chaque partie dispose de ses propres couleurs à l’image des différentes situations et des différents quartiers en plus d’être connectée avec deux axes dits verts dans la ville.

 

  • «Des programmes d’aménagement»

Laisser place à de nouveaux programmes futurs d’aménagement (végétation, espace, etc.), sans perdre la vision d’ensemble. Penser les futurs bâtiments possibles.

 

C’est donc la création de paysages variés grâce à cette zone intermédiaire située entre la ville et le fleuve par des usages multifonctionnels et flexibles. Une nouvelle barrière de flux qui partage les zones protégées et les zones inondables. 

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