Le projet
Proposition générale
«Spoor Noord devait être à la fois un «jardin pour le quartier» et un parc pour la ville.»
(Anvers, faire aimer la ville, 2011)
Ouvert en 2008, l’espace Spoor Noord a été planifié et conçu par Secchi et Vigano. Ayant pour volonté de répondre aux problématiques propres au lieu, ils ont dès le départ entrepris des consultations publiques et des séances d’information afin de préciser les orientations proposées pour le concours. Le terrain offrait une multitude de possibilités aux concepteurs dû à son emplacement, mais aussi dû à ses dimensions considérables, soit près de 1500 m pour l’axe longitudinal et près de 400 m pour l’axe transversal, pour une superficie totale de 24 hectares. De plus, ce vaste espace se devait d’être adaptable à travers le temps afin d’évoluer au même rythme que les populations changeantes des quartiers avoisinants.
Concepts généraux
La friche ferroviaire agissant comme limite entre les quartiers résidentiels, les commerces locaux et les services, le parc Spoor Noord vient contrer cette problématique en créant une continuité et une perméabilité dans le secteur. Sa conception s’est orientée sur les relations qu’entretiennent les secteurs avoisinants entre eux. Ainsi, l’utilisation de cette friche sert à améliorer la qualité urbaine en créant un espace perméable afin d’apporter une certaine transparence au lieu, auparavant séparateur. Spoord Noord répond donc à la problématique de porosité et de manque d’espaces verts dans la ville en créant une pause dans les quartiers avoisinants à densité élevée.
En créant ces vastes espaces naturels, le projet vient répondre à certains critères écologiques. En grande partie réalisé à travers la porosité des surfaces et l’utilisation de la végétation, mais aussi par la réutilisation des équipements et des matériaux déjà en place ainsi que la décontamination du site industriel.
Le projet se veut aussi malléable à travers le temps; il est pensé en vue de répondre aux besoins changeants dûs au dynamisme de la population multigénérationnelle et multiculturelle des environs afin de laisser la place aux modifications futures.
De plus, la ville désire munir le secteur d’un espace de vie quotidien pour les résidents des quartiers avoisinants, mais aussi de faire rayonner le quartier à l’échelle métropolitaine afin de permettre la réappropriation des quartiers centraux par la population.
Le projet s’inscrivant sur un site vaste, il est sous-divisé en trois sections distinctes : un espace bâti à l’ouest, un espace vert à l’est et un espace de plaisance au centre. L’extrémité ouest du parc accueille des constructions d’usages mixtes assez denses faisant contraste avec la partie est qui, elle, laisse l’espace plutôt libre.
Description
Section ouest
La première section intégrant un corps construit devra être structurée selon une organisation spatiale de type campus, «objets libres dans un parc», et un tissu urbain structuré de «continuité urbaine» (Anvers, faire aimer la ville, 2011).
La section prévoit 200 000 m2 d’espaces bâtis, se séparant en différentes fonctions; logements, résidences étudiantes, commerces, école, bureaux et un hôpital. Le bâti prévu comprend 8 bâtiments offrant une mixité d’usages se répartissant de part et d’autre de la rue Noorderlaan. Au nord de cette rue, on retrouve quatre tours allant jusqu’à 24 étages ayant un front bâti avec un alignement zéro par rapport à la rue; on y retrouve d’ailleurs les commerces en rez-de-chaussée. Par ailleurs, au sud de la rue Noorderlaan on retrouve l’implantation de style campus avec des tours de hauteurs similaire; 24 étages au maximum. Par contre, au croisement des rues Italiëlei et Ellermanstraat un bâti de hauteur réduite vient reprendre un alignement zéro avec la rue afin de s’intégrer au tissu existant de la ville.
Le cadre bâti de cette section vient créer un dynamisme et un rythme à la rue Noorderlaan par les alignements variables ainsi que la modularité des volumes créés; la variation des hauteurs et le retrait de certains volumes des tours.
Section centrale
La section du centre se trouve entre le viaduc Noorderlaan et le viaduc Dam. La topographie du site industriel étant plane au départ, les concepteurs ont voulu exploiter une topographie à l’aide d’un jeu de niveaux artificiels s’élevant graduellement et rejoignant le niveau de la du viaduc Dam; définissant les espaces, intégrant pleinement les viaducs existants et clarifiant le réseau de parcours. Des dunes de sable plantées de conifères y sont aussi créées en bordure de l’axe central faisant un clin d’œil à la végétation qu’on retrouve au nord de la Belgique.
Cette section donne place aux activités culturelles et aux loisirs. Des installations ludiques la ponctuent afin d’amuser les plus jeunes comme les plus vieux apportant une diversité d’expériences à ces espaces. Le hangar SPTM, «ancien dépôt pour matériel de traction», a été modifié et est maintenant utilisé par les citoyens qui se l’approprient à des fins récréatives et sociales. (Anvers, faire aimer la ville, 2011) Le hangar ayant une façade complètement perméable pouvant s’ouvrir en totalité, une terrasse a été aménagée sur son prolongement extérieur donnant sur le plan d’eau récréatif et offre une source de fraicheur à la population. En continuité avec les espaces d’amusement qu’offre cette section, un parc de planche à roulettes des plus impressionnants d’Europe est construit sous le viaduc Noorderlaan, empiétant ainsi sur la partie ouest du parc.
Section est
La section est du parc consiste à un espace vert libre intégrant un corps bâti récupéré de l’ancienne fonction du site. Contrairement à l’espace ouest, cette section est laissée à l’expérience récréative des utilisateurs. Les grands espaces gazonnés sont séquencés par les quelques parcours aménagés que suggèrent les concepteurs; le circuit longeant la périphérie du parc ainsi que l’axe central en sont les principaux. Cette section intègre le bâtiment le plus important provenant de la SNCB, un ancien centre de réparation de locomotives. La gestion du parc Spoor Noord se fait d’ailleurs dans ce volume; il inclut également des bureaux, un hall événementiel et des équipements de sportifs intérieurs. Sa façade principale et son accès se fait via le parc et non par la rue démontrant la volonté des concepteurs de faire face à l’espace libre qu’est le parc et non le tissu de la ville.
Dans cette section, deux parcours structurent l’espace; le parcours de périphérie longeant la rue Viséstraat et l’axe central traversant le parc d’est en ouest. Le premier étant hiérarchisé grâce à la plantation et le traitement du sol à l’aide de différents matériaux. Le second suggérant peu de structuration spatiale laissant le libre cours aux passants. «Le parc est un lieu où chacun est en scène, un miroir où tout se reflète la complexité des sociétés contemporaines.» (Ariella, Masboungi, Métamorphose de l’ordinaire, 2013) Tout au long de l’axe central étant piétonnier et cyclable, des espaces de jeux se voulant ouverts et non cloisonnés ponctuent l’espace en plan libre.
Par ailleurs, seulement le bâti existant et la végétation viennent ponctuer le paysage de ce vaste espace. Les arbres sont positionnés afin de créer des effets de perspective au passant qui est en continuel mouvement. D’ailleurs, le mobilier intégré présent sur la totalité du parc est conçu et mis en place de manière très discrète afin laisser le plein contrôle à l’usager et de ne pas altérer par expérience avec des éléments physiques forts.
Topographies
La topographie du site étant plane à la base, due à la fonction ferroviaire, les concepteurs ont misé sur de légers jeux de hauteurs afin de cadrer certains endroits stratégiques du parc. Ces variations de hauteur sont aussi utilisées afin de délimiter certains espaces. D'ailleurs, les bassins de rétention, par moments pluvieux, aident à récolter les eaux de pluie et, par moments ensoleillés, agissent telles des surfaces de sport. L’axe central vient déambuler sur ces jeux de hauteurs créant un parcours diversifié permettant l’exploration par l’utilisateur en explorant le site de façon active à travers l’espace. Des buttes de sable sont aussi présentes dans cette section à proximité de l’axe central et faisant face au bâtiment afin de marquer son entrée.
De plus, les viaducs séparant les trois sections sont intégrés de façon à créer des pauses dans ce vaste espace de près de 1 500 m de long. De plus, ils proposent des espaces surélevés pour offrir une diversité d’expériences à l’utilisateur et une vue en hauteur sur le parc.
